En Grèce ancienne, à côté des cultes des dieux, ont pris place dès l’époque géométrique des cultes religieux voués à des humains particuliers – le plus souvent, après leur mort – , perçus comme des personnages d’exception, ayant apporté aux hommes une contribution jugée digne de remerciements (fondation de cités, victoire guerrière, instauration de régimes politiques, mais aussi fondations d’écoles philosophiques, composition de poèmes rendant les dieux propices ou promouvant les valeurs de la cité, victoires athlétiques…). Le colloque a pour objet de revenir sur la variété des manifestations entourant ces grands hommes – qu’ils soient historiques ou fictifs selon les critères actuels, la différence n’étant pas perçue de la même manière par les Grecs anciens – , en cherchant à souligner les points de contacts entre des destinataires de cultes à première vue très différents et les lignes de force des comportements et mentalités antiques à travers les siècles.

Il s’agit d’affiner et d’assouplir les catégories usuelles de destinataires comme de modalités de cultes, en soulignant :

1) la diversité des modalités de culte classés habituellement comme “héroïques” ou “divins”, en soulignant l’évolution historique et la diversité géographique des pratiques, qui interdisent de ranger a priori les manifestations dans des cases préconçues ;

2) l’unité de la relation aux destinataires de cultes, révélée par les témoignages des Anciens eux-mêmes. Dans les textes littéraires comme dans les inscriptions, les divers cultes religieux de destinataires non-divins présentent des similitudes qui incitent à beaucoup de prudence par rapport à la tentation du classement et du compartimentage auquel se livrent souvent les historiens de la religion grecque.

Le volet italien (Bologne 20-21 septembre 2018) a pour but d’approfondir certaines des thématiques fondamentales de l’étude des cultes héroïques et divins dans le monde grec. Les communications proposeront des synthèses générales, revenant sur divers concepts antiques, comme ceux de herôs, heroïkai timai, isotheoi timai, ou sôter, mais aussi des analyses de cas particuliers, en prenant en compte les sources littéraires, archéologiques et numismatiques. Elles reviendront notamment sur une figure hybride par excellence, celle d'Héraclès, honoré à la fois en tant que dieu et en tant que héros. L’étude de pratiques en apparence excentriques, comme celles de Sparte, y prendra place, avec une révision de l’approche traditionnelle du Trône d’Amiclès. Enfin, on examinera le phénomène de l’introduction du culte du souverain à la fin de l’époque classique / au début de l’époque hellénistique, en déterminant les différentes étapes de la transformation des mentalités qui a conduit à l’introduction d’un véritable culte du souverain de type divin – mais parfois aussi héroïque. Cet aspect sera replacé dans un examen plus large du continuum entre culte des vivants et des morts.